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Monday, 1 March 2010

Fake Pinot: open letter from Jean-Louis Denois + to Monsieur Fau, président du syndicat de Limoux



 Still bubbling away...
 

Here is the full text of the open letter from Jean-Louis Denois. Extracts appeared in yesterday's edition of La Dépeche (see yesterday's post). Clear signs that not everyone is ready to sweep this scandal under the carpet! 

Lettre Ouverte aux producteurs de Limoux et aux Syndicats
Je suis producteur indépendant, ne suis pas coopérateur, je n’ai pas les poings et mains liées par la banque agricole, je ne suis pas membre d’un parti politique, je garde encore un œil ouvert à l’extérieur de la région, aussi je me permet de dire tout haut et écrire ce que tout le monde pense ou dit par derrière, dans l’espoir de faire avancer un peu la cause des metteurs en marché directs qui en ont assez de l’hégémonie d’un groupe trop puissant qui dirige de fait et sans débats le cru de Limoux depuis trop longtemps.

Je suis sérieusement choqué par cette affaire que je pressentais énorme, (prés de 20 millions de bouteilles, soit 700 citernes, peut être 1.000 containers et autant de D.A.A. en sortie du territoire français), dérouté par l’attitude de vignerons de Limoux que nous avons entendu dire que c’était bon pour la région car tout le monde en avait profité …. (?)  et pas grave puisque les acheteurs n'avaient même pas porté plainte et que ce sont des américains…,..qui en font autant chez eux…., écœuré par l’attitude du président de région en faveur de «…ses amis de Sieurs d’Arques….: s'ils leur manquait trois sous pour payer l'amende, je leur donnerai » (Midi Libre 5 Fév. 2010)….sur des fond publics ou de sa poche ? et même si c'était le cas, peut il le dire,… devait il de nouveau faire l’éloge de ce producteur condamné à l’inauguration de Vinisud ?

Je déplore que nos syndicats aient peu ou pas bougé tant qu'il était temps, pas de gestion de crise, de prise de position, la politique de l'autruche, l’espoir d’un étouffement, nos dirigeants sont parfois aveuglés par les mirages de la politique et le court terme, la promesse de subventions, les réseaux. Nous on a des vins en stock, des vignes, des enfants…..

Je ne m'explique pas l'attitude des douanes qui auraient du découvrir cette affaire les premiers, bien avant les fraudes, ils en ont les moyens.
Je ne m'explique pas plus les ridicules amendes de 700 € par fraudeurs et encore moins le désistement de cette petite somme au profit de l'instigateur avéré de l'affaire, reconnu coupable. Toute la France viticole me confirme qu'il y a deux poids deux mesures, c'est du jamais vu, ou est on ?

Je ne comprend pas le montant de 12 % env. d'amende proposé et obtenu par le ministère public, une amende devrait atteindre 100 ou 200 % des sommes indûment gagnées si on veut décourager d'éventuels récidivistes. A ce taux là beaucoup vont être tentés de frauder aussi !

On ne comprend pas, on a peur de comprendre l'inimaginable : la corruption en France, ou le début d'une ère nouvelle de liberté totale dans le Midi devenu une zone de non droit ?

On a beaucoup parlé de cette affaire à Vinisud en ce début de semaine, dans les allées des stands limouxins, pendant que de son côté, l'un des accusés affirmait à qui voulait l’entendre que cette affaire faisait de la pub et que c’était bon pour les affaires….

Un peu plus de modestie aurait été salutaire à la région et plaider coupable en invoquant la détresse du Midi viticole aurait mieux valu que de nier l’évidence et décrédibiliser toute la filière.
Certes, quelques démissions avant le dernier WE auraient été mieux ressenties qu’un pourvoi en appel.
C’est l’exemple même de la fameuse « arrogance française » que détestent et nous reprochent les anglos saxons.

Il existe aussi à Limoux beaucoup de vignerons sérieux qui font des vins de qualité avec du vrai Pinot noir, soit en rouge, soit en bulles, des petits, de plus gros et aussi des coopérateurs qui en ont assez de laisser croire que personne ne savait rien, ne connaissait ni les surfaces plantées, ni le vrai goût du pinot noir…, on en a assez de passer pour des imbéciles, on est choqué par ce qu’on a fait avaler à la justice et qui ressort dans le jugement de Carcassonne.
Il y a aussi dans l’administration des gens compétents qui auraient pu éclairer le tribunal sur les réalités, les pratiques, les régles, pourquoi ne sont elle pas intervenues ?

Pour avoir été un pionnier du Pinot noir à Limoux aussi bien en rouge depuis 1988, qu’en bulles depuis 86, avoir en 2000 abandonné la production de ce vin, dégoûté déjà par la concurrence de faux pinots à moins de 2 € la bouteille, pour bien connaître et avoir pratiqué le marché américain depuis 30 ans, je ne suis pas du tout surpris de l’évolution de cette affaire dont certains disaient il y a une semaine qu’elle allait mourir d’elle même et qu’il fallait l’étouffer, ne pas faire de vagues.
Au début de mes études viti oeno, dans les années 70, j’ai vu les conséquences des « scandales des vins de Bordeaux », ils étaient à la base bien moins énormes que celui ci, les conséquences ont été pourtant colossales pour cette région ! Il leur a fallu donner 1 container gratuit pour en vendre 1 et reconquérir le marché américain, et il n'y avait pas encore la concurrence du nouveau monde.

Je sollicite une réunion de réflexion dans le cadre du syndicat de Limoux dont la protection de l’appellation est l’une des missions prioritaires, or c’est bien des vins de Limoux dont on va parler longuement dans le monde entier de façon négative et accolés aux termes "fraudeurs" et "faux Pinot".

J'applaudis par contre la réaction du syndicat de Pays d’Oc, qui s'est porté partie civile dés le début de cette affaire mais qui situe bien bas la valeur de son fonds de commerce, de sa notoriété : 5.000 euros pour tout le travail accompli depuis 20 ans, ce n’est pas cher payé !  Il faut nous expliquer…..

Je souhaite que nos syndicats engagent la mise en cause de l’administration qui n’a pas fait son travail de prévention et de détection à partir de l’énorme collecte d’information dont elle dispose, issue de la paperasserie qui est notre lot quotidien.
Je demande des explications sur le désistement des douanes vis à vis du principal instigateur pour la ridicule amende de 700 euros obtenus par la justice pour chacun des autres fraudeurs.
Pourquoi si peu, pourquoi pas eux ?
En tant que membre, à jour de mes cotisations, je désire être informé par mes syndicats et pas considéré comme un pion juste bon à payer et se mettre sagement en rang pour écouter et accepter la bonne parole.

Vous serez attachés tout comme moi à demander des comptes aux administrations dont nous sommes redevables au quotidien, au travers des multiples déclarations et formalités complexes et exigeantes qu’il faut produire sans cesse, véritables tracasseries sans objet, ces administrations ont également un devoir de résultat et ont été mises en place justement pour éviter ce genre de fraude.
A quoi servent elles aujourd’hui ?
Comment est il possible que l’administration des douanes n’ait rien trouvé de suspect en recevant les copies de DAA dont elles sont destinataires.
Pourquoi alors continuer à faire des DAA si personne ne les regarde ?
A quoi servent nos déclarations de plantations, de récolte, de stocks et les pointages mensuels : uniquement à alimenter les caisses du CIVL qui utilise prés d'un tiers des cotisations en frais internes, en ont "perdu" une partie et utilisent ce qu'il reste pour financer, à Limoux par exemple, des cartons d'emballage et des muselets, faute de vrais projets, de motivation et d'imagination ?

J'imagine et je crains malheureusement que cette regrettable affaire survenue à un moment où on n’en a pas besoin conduise au scénario suivant :
Perte de confiance des marchés américains et anglo saxon dans les vins de France et l’illustration que son lourd système bureaucratique, inefficace ne garantit rien.
Les producteurs du nouveau monde viticole en profitent pour enfoncer le clou, prôner le libéralisme et nous prendre encore quelques part de marchés.
Les producteurs français de "grands vins classiques" se retournent vers les producteurs du Midi qu'ils jugent responsables de par leur laxisme d’avoir décrédibilisé les vins de FRANCE.

Jean Louis DENOIS, viticulteur à Roquetaillade, le 26 / 02 / 2010
Producteur et négociant à Limoux,
élaborateur de vins mousseux de qualité et de crémant à base de pinot noir.
Propriétaire de vignobles de Pinot noir à Roquetaillade, le "berceau" du pinot noir en Languedoc.
A ces divers titres je m’intéresse à l’avenir du Pinot noir, je m’intéresse à l’avenir des Pays d’Oc de cépage et de qualité. Je m’intéresse à la notoriété du cru Limoux.

*

A l'attention de Monsieur Fau, président du syndicat de Limoux,
J'ai bien pris note de votre réponse à ma lettre via la Dépêche de ce Week end et de votre position : en gros "c'est une affaire de vin de pays en vrac, et le syndicat de Limoux n'est pas concerné" !

Ne rien dire, ne rien faire si ce n'est en parler au niveau du "bureau" me semble une position dépassée, d'un autre temps, digne du "polit buro" soviétique !
C'était déjà votre position lors de votre visite sur les stands limouxins à Vinisud, mais elle n'est plus suffisante ni acceptable à ce jour, suite aux mesures prises par le gouvernement US et les nombreux articles parus à Londres, New York et même Hong Kong, et ce n'est pas fini.

Certes l'affaire est étouffée en France, car elle embarrasse beaucoup de monde, en premier lieu l'administration du vin, mais aussi les oenologues de France, ...tous les "amis de Sieur d'Arques", et il y en a beaucoup dans la politique, dans les réseaux, mais les suites vont tout de même être énormes, que vous le vouliez ou non, pour nous metteurs en marché, pour Limoux, pour le Languedoc Roussillon, pour l'image du Sud de la France et cette affaire s'ajoute aux tribulations d'un président de région fantaisiste et fanfaron.

Cette affaire contribuera aussi je le répète à jeter le discrédit sur tout le système français d'appellation des vins et leur crédibilité à l'étranger.

Les vignobles de France ne subsistent plus que grâce à l'export et ce sera de plus en plus le cas!

Bien entendu mon but n'est pas d'étaler l'affaire des faux pinots sur la place publique, mais il me semble que c'est déjà fait depuis 10 jours et qu'il faut désormais prendre des mesures, faire face et sortir enfin la tête du sable.

Ignorer le préjudice, se réfugier derrière l'ancien schisme "Vins de pays / AOC" est également me semble t'il une position dépassée.

Lorsque nous proposons nos vins, ce sont tout ceux d'un domaine, d'une région à la fois et nos clients ne font pas plus de différence entre VP et AOC, capsule verte et capsule bleue, cet apartheid du vin est également dépassé, tout comme l'étoile jaune (que je connais bien avec ma cuvée Tradition, bulle VMQ, sans AOC souvent reconnue comme l'une des meilleures bulles limouxines dans les grands guides nationaux depuis plus de 10 ans, mais interdite de séjour et de présentation par le syndicat de Limoux dans les concours.)

C'est (depuis déjà un bon moment) en bassin de production qu'il faut raisonner et non pas par classe de produit.

Je vous livre, afin d'alimenter votre réflexion quelques réactions de producteurs de la région et d'un journaliste britannique reçues ce matin, je vous confirme que d'autres réactions verbales vont dans le même sens :

"Cher Jean-Louis  
Merci pour cette lettre/e-mail.
C’est sur que tu as raison…a Vinisud  j’en ai parlé avec au moins 20 contacts/clients et c’est une honte pour la région.  Par contre je pense que la vraie histoire se trouve en Californie….
A la prochaine   Amicalement

Bonjour,
Producteur de blanquette méthode ancestrale, j adhère à votre  analyse sur l'affaire du faux pinot. Les fraudeurs ne sont pas sanctionnés et les organismes syndicaux ne jouent pas leur rôle.
Que faire ?????
Tenez moi informé

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt vos commentaires sur cette sombre affaire.
 

L'image des vins de Limoux et de la région est souillée pour longtemps et les conséquences commerciales vont se chiffrer en millions d'euros. De retour de visite de clients en Finlande, Pays Bas, Belgique ou États Unis, je peux confirmer que tout les clients sont parfaitement informés de ce scandale par leur presse locale, et remettent leur décision d'achats à plus tard.


Le jugement de Carcassonne jette le doute sur la probité de tous les opérateurs. Une telle clémence constitue en effet un encouragement à la fraude. C'est tout au moins la perception qu'en ont nos clients.
L'arrogance des coupables (reconnus coupables par le tribunal) est insupportable et le soutien dont ils bénéficient constituent un pied de nez au Droit et aux valeurs Républicaines.
Je suis donc d'accord avec votre analyse et vous apporte mon soutien.
 

Cher Jean-Louis Denois
Je suis un drinks journalist et j'ai le plaisir de faire votre connaissance il y a plusieurs années.
Je suis complètement d'accord avec vous sur l'affaire faux Pinot. J'ai lu le reportage dans La Dépêche aujourd'hui…..

 

Voilà, monsieur le président, encore une fois, ce qui se pense et se dit un peu partout.
Ne croyez surtout pas que j'en veuille à votre personne que je respecte, mais nous sommes beaucoup à penser qu'il faut que le syndicat de défense du cru Limoux sorte de l'ombre de Sieur d'Arques et ne plus prendre de décisions uniquement au prorata du volume produit.
Le temps n'est il pas venu de penser en terme de : 1 entreprise = 1 voix?
Je vous prie de croire à mes salutations les plus respectueuses.
 
Jean-Louis DENOIS
11300 Roquetaillade  FRANCE
tel : (33) (0)4.68.31.39.12
fax : (33) (0)4.68.31.39.14
jldenois@orange.fr

2 comments:

  1. Fantastic reaction.I hope that the french attitude of superiority will change, and the realisation of third world bribery will push the authorities to take some strong action against the perpetrators.It is a discusting situation that does not make me proud to be french.
    Alain Proust, photographe.

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